L’utilisation de pesticides notamment dans l’agriculture, est un sujet au coeur de l’actualité de ces dernières années.
Par le biais de cet article nous vous proposons un état des lieux de la situation de la France face aux pesticides.
Tout d’abord, il est intéressant de revenir sur ce que sont les pesticides. Il s’agit de substances chimiques utilisées pour protéger les produits agricoles, le bois, les plantes … contre les animaux (insectes et rongeurs) et les plantes (champignons et mauvaises herbes) dits nuisibles. Dans les pesticides on retrouve également les produits agissant sur le développement de la plante : croissance, taille des fruits, anti-chute précoce des fruits, préservation contre la détérioration lors du stockage …
Le terme pesticide est très général et lorsque l’on parle des produits utilisés pour la protection des plantes on parle plutôt de produits phytosanitaires.
Pour en savoir plus :
https://www.actu-environnement.com/ae/dictionnaire_environnement/definition/pesticide.php
A l’origine les pesticides devaient donc avoir un rôle positif. Mais en réalité, ils sont un véritable fléau pour l’environnement, les animaux et l’homme. Les effets négatifs sont mal connus et difficiles à estimer car il existe plusieurs milliers de familles de pesticides; mais ils sont bien réels et des études menées en dévoilent déjà beaucoup.
Le premier à être contaminé est notre environnement.
On parle de bioaccumulation car les pesticides ne se dégradent que très peu et s’accumulent dans l’air, le sol, l’eau …
Les pesticides sont utilisés en trop grande quantité et une grande partie s’échappe dans l’atmosphère lors de l’application ou depuis les plantes et les sols surchargés. Le vent transporte alors ces produits toxiques, c’est le premier niveau de pollution, celui de l’air. Ils entrent alors dans le circuit du cycle de l’eau car ils retombent avec la pluie et ruissellent sur le sol jusque dans les milieux aquatiques : cours d’eau, nappes phréatiques, mers … en somme, toutes les eaux du continent. On retrouvait par exemple du glyphosate dans 60% des cours d’eau français en 2013.
L’application directe de pesticides sur les cultures n’est pas le premier facteur de contamination, le premier reste la négligence; négligence par mauvais stockage, matériel d’application défectueux, rejet de résidus sans précautions ou encore rejets accidentels dans le nature.
Chez les animaux et les insectes, les pesticides font aussi des ravages. Bien sûr, sur les animaux et les insectes directement visés par le produit, mais aussi sur les autres maillons de la chaîne alimentaire. Ainsi, les oiseaux, par exemple, peuvent être touchés car ils se nourrissent d’insectes contaminés; les abeilles, peuvent aussi être concernées, car elles viennent butiner les fleurs des cultures traitées ce qui entraîne chez elles des problèmes de l’appareil digestif, imputable au glyphosate. Ce dernier a également été reconnu comme cancérogène pour les animaux par le centre international de recherche sur le cancer (CIRC) en mars 2015.
Enfin, les pesticides ont des retombées négatives pour l’homme. Celles que nous connaissons sont les suivantes : infertilité masculine, cancers et atteintes foetale (avortements spontanés et graves malformations). Chez les agriculteurs, population en contact direct avec les substances chimiques, deux maladies ont été reconnues comme maladies professionnelles : la maladie de Parkinson et le lymphome non hodgkinien.
Mais alors, qu’attendons-nous pour agir ?
En France, la loi de transition énergétique pour la croissance verte a été adoptée le 22 juillet 2015 par l’Assemblée Nationale. Pour ce qui est des pesticides, elle prévoit l’interdiction d’utiliser des produits phytosanitaires dans tous les espaces publics depuis le 1er janvier 2017 et l’interdiction de l’usage de ses mêmes produits dans les jardins des particuliers à partir du 1er janvier 2019.
Pour ce qui est de l’usage à titre professionnel, les choses avancent plus lentement car il faut laisser le temps aux agriculteurs de trouver des alternatives efficaces pour ne pas souffrir de la concurrences de produits importés non soumis aux lois françaises et/ou européennes sur ce sujet.
L’affaire du glyphosate, dont on entend beaucoup parler, est un parfait exemple de la complexité de la tâche. Ce produit est un herbicide dit total, peu coûteux et très fortement utilisé. On en retrouve des traces dans des produits de consommation, dans l’eau et dans les urines humaines. Le CIRC l’a déclaré “cancérogène probable” pour l’homme en mars 2015. Et ce n’est que le 24 octobre 2017 que l’Union Européenne a adopté la résolution suivante : interdiction progressive en 5 ans et interdiction dès le 15 décembre 2017 pour les non-professionnels dans les espaces publics.
En France, le 27 novembre 2017, Emmanuel Macron a demandé au gouvernement de fixer une date de sortie du glyphosate dans la loi et ce, d’ici 3 ans. Mais, le 29 mai 2018, l’Assemblée Nationale a rejeté l’inscription, dans la loi, d’une date de sortie du glyphosate en France.
Par ailleurs, les interdictions de certains produits tombent régulièrement. Les néonicotinoïdes sont interdits depuis le 1er septembre 2018, en France.
L’ANSES (agence nationale de sécurité sanitaire) a décidé, très récemment, le 5 novembre 2018, d’interdire définitivement (car jusque là il ne s’agissait que de suspensions momentanées) l’utilisation de pesticides à base de méthamsodium. Ce produit, utilisé pour désinfecter les sols (détruire les champignons des sols), qui provoque une irritation des yeux, de la peau et des voies respiratoires, reste autorisé dans l’UE jusqu’en 2022.
(pour en savoir plus : https://www.lemonde.fr/pollution/visuel/2018/05/29/glyphosate-l-interdiction-de-l-herbicide-controverse-compromise-en-france_5306556_1652666.html)
Les pesticides ont commencé à être utilisés après la première guerre mondiale. Depuis il semble qu’ils soient malheureusement devenus indissociables du bon rendement agricole. La transition, le retour en arrière, est un travail de longue haleine mais qu’il est nécessaire de faire pour stopper l’impact désastreux de l’homme sur son environnement et sa propre santé.
Des alternatives existent déjà, il faut en trouver et en appliquer davantage pour enrailler cette machine infernale.
Marie LECLERCQ
Naturopathe
Docteur en pharmacie